Certains rêves nous interpellent et l’on s’interroge. En trouver la signification est une tâche bien complexe. La plupart du temps, nos rêves ne sont que le fruit de la journée
passée, mais lorsque l’un d’eux est récurrent…
Il est un rêve qui m’a poursuivi pendant des années. Je ne saurais dater exactement sa première apparition si ce n’est ma période d’adolescente. Je rêvais de mon ami le lion.
Pourquoi mon ami ? Parce qu’il n’a jamais réussi à me croquer ! Je me réveillais toujours à temps. Trêve de plaisanterie, ce cauchemar me terrorisait. Ces jeux de cache-cache
terrifiants se déroulaient dans des décors toujours différents et plus saugrenus les uns que les autres. En revanche, l’objectif du lion était perpétuellement identique : me pourchasser et
probablement, faire de moi son repas. Dans son avant dernière apparition, en 2000, la traque se déroulait dans un parking. Un jeu de course-poursuite effroyable. Je me faufilai entre les
voitures, à quatre pattes je frôlai les pare-chocs, les portières, il m’avait à l’œil. Quelquefois, il était si proche que j’aurais pu le toucher, je sentais son souffle qui me glaçait le sang.
Il était rusé et c’est en sueur et toute tremblante que je reprenais conscience. Jusqu’à cette dernière visite, je n’en avais pas saisi son sens. Puis, il a disparu pour se manifester de nouveau,
une ultime (je suppose) fois.
Dans celui-ci, le scénario avait pour décor une forêt. Un couple d’amis et leurs enfants, que je n’avais pas revus depuis quelques années, occupaient une petite maison,
faite de bois, en plein milieu de ladite forêt. Je les saluai et les quittai pour me rendre chez-moi, à pied évidemment. Étrangement, je n’avais pas la moindre appréhension à traverser ce milieu
sombre. C’est alors que je vis mon lion, couché non loin de moi, à une dizaine de mètres environ. Mon premier réflexe fut d’aller vite me cacher, mais, intriguée par son comportement, je n’en fis
rien. Je le vis se lever et me regarder avec une telle indifférence que je restai interdite. Après m’avoir jeté un regard vide de toute émotion, totalement absent, impassible, il me tourna le dos
et s’en fut avec nonchalance sans d’autre regard vers moi.
À mon réveil, prise d’une sorte de malaise moral, limite vexée, j’essayais d’analyser le radical changement de ce qui avait été, depuis toujours, un cauchemar. J’ai enfin eu ma
réponse, et c’est lui, mon lion, qui est venu, en personne (si je puis dire), me la donner. Pendant de très, très longues années, ma lutte a été incessante et j’ai dû me battre contre vents et
marées. Cette nuit-là, mon lion est venu me dire : « Tu n’as plus besoin de lutter, repose-toi maintenant ! » Peut-être était-ce lui qui me donnait force et courage. Je ne veux
surtout pas croire qu’il se désintéresse de moi maintenant, parce que je n’en vaux plus la peine. Depuis, j’attends et j’espère de nouveau sa visite, comme au bon vieux temps ! Sans lui,
c’est un peu comme si j’étais morte