Dans les romans de Jean Matrot, les héros n’ont rien d’exceptionnel, ils dorment la bouche ouverte en bavant sur l’oreiller, volent des chewing-gums aux caisses des supérettes ou se font une entorse en essayant de rattraper leur chien qui traverse la nationale. Comme tout un chacun, ils ne peuvent échapper à la confrontation avec cette grande aventure qui s’appelle la vie. Parfois, elle les mène un peu plus loin que les autres et les force à improviser… C’est cette improvisation qui intéresse l’auteur, ce passage à l’acte révélateur de la nature humaine et de l’individu…
Le résumé :
Les terribles bataillons d’Afrique, en 1923. Eugène, comme tant d’autres, y subit les conséquences d’une naissance misérable. Un soir, parmi les nouveaux arrivants, il reconnaît Ernest, ancien compagnon d’errances. Ces retrouvailles vont changer le cours de sa vie…
L’homme, issu de la rue, sans éducation autre que les coups, le dénuement, le reniement et la trahison, n’aura d’autres choix que de s’adapter à la vie de la jungle qui exige la cruauté du sauvage, l’hostilité et la ruse du félin. Rapidement, il comprendra que faim et soif sont synonymes de veulerie, d’inconsistance et que, sans pugnacité ou mordant, il sera détruit, anéanti, corrodé avant d’être occis. Dans cette tragique situation, l’homme paie avant d’être servi, si tant est qu’un service avant règlement lui soit offert ! La morale aveugle de notre société lui refuse ce droit. La souffrance de l’enfant, de l’adolescent puis de l’homme est un crime, il a fait le mauvais choix de sa naissance alors, il doit payer jusqu’à ce que mort s’en suive. Mais payer quoi ? Sa malchance ? Zéphyr est un roman extraordinaire d’où l’on sort profondément troublé. On reconnaît parfaitement la patte de son auteur, Jean Matrot, qui entreprend son récit au Maroc, dans un camp où se mêlent sergents, joyeux (bataillonnaires), sable, chaleur, cruauté, et nous délivre le destin poignant d’Eugène, sur fond argotique. Le glossaire d’argot est fort judicieux, mais j’avoue les avoir déchiffré pour la plupart. Ce troisième ouvrage, que j’ai dévoré avec une avidité qui m’est déjà coutumière, confirme ma prédisposition à faire partie de vos fans.
204 pages du pur plaisir !
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