Tu ne savais pas mettre les mots, comment me dire, me décrire ta détresse, mais ton regard dardait sur moi ton appel au secours. Tu as usé de métaphores écrasantes de sens, je t’ai vu perdu dans cet abîme où se mêlent l’effroi et la confusion. Je te connais si bien, j’ai entendu ton cri, et j’y ai posé des mots, sont-ils ceux-là ?
Après avoir rempli le rôle que l’humanité lui avait confié, il n’est plus qu’un corps, pesant, vide, inutile, superflu, infructueux. Ce n’est pas sans vertige, sans frayeur, que l’on assiste, impuissant, à cette métamorphose. La roue tourne, elle tourne sans justifier ses à coups, elle crisse, coince, repart pour, au fil des années, se bloquer définitivement. Amitiés, amours, responsabilités, devoirs, objectifs, créations, tous ces éléments qui font qu’un corps se construit, qu’un cerveau s’enrichit en supposant, en imaginant qu’ils ne cesseront de croître qu’avec le dernier souffle. « Erreur, te dit une petite voix, ce n’était qu’un piège ! » La fin se présente avant la fin, le déclin, discordant avec sa définition, ignore le progressif, il se fait brutal, implacable, douloureux. Seuls des petits bonheurs subsistent que l’on a du mal à goûter tant est accablant le prix à payer. Aller jusqu’au bout parce que la vie est faite d’espoir, de croyances et que, demain est peut-être un autre jour ! Le manque, l’absence, persister, s’obstiner dans ce voyage sans pouvoir combler le vide. Un cœur remercié, licencié de la vie, consterné, affligé, déshydraté et qui se demande pourquoi il bat encore. Sans arrosage, sans engrais, il a la peau dure ! Il ne le sait pas, pas encore, mais la vie va de nouveau s’emparer de lui, combler ses défaillances, l’inonder de vitamines pour gommer ses carences, lui offrir l’opportunité de s’ébranler vers d’inattendues, d’insolites émotions. « Ne perd pas de vue que la vie est aussi faite de patience et que tout vient à point à qui sait attendre ».